Mise en page des bureaux post-Covid : une évolution… pas une révolution!
Dès le premier confinement, les prévisions du monde des bureaux estiment qu’après la crise de Covid, « rien ne sera comme avant ».
Aménagement des bureaux post-COVID : évolution pas révolution !
Par Antonio Moura, Directeur Général Délégué chez BMA Group Paris
Depuis le premier confinement, les oracles du monde de l’immobilier de bureau estiment que « rien ne sera plus comme avant » au sortir de la crise de la Covid. Cette révolution annoncée est pourtant à relativiser puisque la situation actuelle ne fait qu’accélérer des tendances déjà perceptibles.
Plus que jamais les bureaux se doivent de ressembler à l’entreprise, à ses valeurs, à son ADN, principalement au travers de leur aménagement. Celui-ci devra intégrer la nouvelle dimension sanitaire tout en respectant l’incontournable driver du coût.
Dans un premier temps, cela passe par la réorganisation et la réadaptation de l’existant à court terme quand bien même on estime que l’implantation convient et que l’on introduit une part de télétravail. Trois critères prévalent : la distanciation, le repositionnement du mobilier actuel et la division-protection via des écrans ou cloisonettes transparents qui assureront une continuité de la communication.
Ensuite, il faut prendre en considération la modification plus profonde des modes travail qui était déjà amorcée et s’accélère. Le mal aimé open space des années 2000 s’oriente vers une nouvelle configuration. On y introduit des armoires qui remplacent les caissons bas, permettant d’isoler les salariés par deux ou quatre. Les entreprises demandent également des ilots regroupant des équipes projets afin de créer l’émulation. Enfin, la tendance des box « une personne » qui se distribuent autour d’un open space faisant office de salle de réunion se développe.
De son côté, la notion d’espaces fermés, mais qui ne sont plus les bureaux individuels traditionnels, émerge. Il s’agit de mettre en place un espace partagé par un service, toujours en respectant les distanciations avec un mobilier spécifique.
Par ailleurs, de nouvelles méthodes de travail se sont développées ces derniers temps, comme le flex-office qui est un concept englobant plusieurs formes. L’aménageur va alors proposer une dématérialisation du poste de travail au profit de bureaux avec des formats d’assises différents afin d’évacuer l’angoisse que peut provoquer l’absence de lieu fixe. On peut également créer des espaces de travail « projet » sans PC où le salarié vient se plugger. On y adosse généralement un « coin jeu » favorisant la convivialité.
Notons toutefois que le flex office nécessite un accompagnement managérial assez fort : il convient d’expliquer à ses équipes comment fonctionne la nouvelle configuration (à quoi sont destinés les postes, comment on y travaille, avec quelle connectivité…) pour rassurer le salarié qui perd une partie de ses repères et doit s’en créer d’autres.
À l’inverse le desk-sharing qui est destiné à une population de commerciaux ou de consultants dont la moitié est constamment à l’extérieur, va permettre de diviser par deux le nombre de postes ce qui induit une très bonne gestion de la rotation des équipes. L’espace libéré peut être dédié à la convivialité ou à des spots d’isolation pour pouvoir téléphoner tranquillement. Là aussi les armoires-casiers remplacent logiquement les caissons.
Dernier élément : l’apport du digital qui était déjà d’actualité et permet notamment d’optimiser l’utilisation des espaces via un système de réservation. Le digital favorise aussi le multi-usage d’un espace qui passe, par exemple d’une cafétéria à une salle de réunion informelle, celle traditionnelle étant de moins en moins utilisée.
Plus généralement, le digital est un outil de maximalisation de la ressource immobilière avec la possibilité d’installer des capteurs pour savoir qui est là en présentiel.
En résumé, la crise de la Covid fait évoluer la vie des bureaux de deux manières : tout d’abord socialement puisque c’est là que les salariés vont retrouver une cohésion post-pandémie, et économiquement grâce aux nouveaux aménagements avec pilotage digital qui vont améliorer l’efficacité et la productivité. En gardant à l’esprit que la réponse standardisée est aujourd’hui définitivement enterrée.